Mes pas me ramènent inlassablement vers ses sommets rabotés à la croisée de l'Allemagne, de la Suisse et de la France. La crête des Vosges s'offre à tout amoureux de la randonnée qui aime ce grand air qui vous enivre et vous emporte vers d'autres horizons.
Sommets rugueux, dénudés, rabotés, sauvages malgré les invasions, terre que l'on peut encore fouler librement malgré tous ceux et toutes celles qui voudraient la mettre sous cloche et la transformer en réserve dédiée aux citadins en mal de nature, déracinés.
Derniers rayons de soleil sur les crêtes vosgiennes en cette fin de journée de novembre.
Au loin la Jungfrau et les alpes bernoises surgissent au-dessus d'une mer de nuages qui écrase l'Alsace sous son poids ouateux.
Les derniers myrtilliers se parent de leurs ultimes couleurs d'automne tandis que les gentianes des montagnes se dressent encore avant les premières neiges qui les écraseront.
La messe est dite.
L'hiver arrive, une petite bise d'Est se lève.
Je profite de ces derniers instants où tout me rappelle ma jeunesse pas si lointaine: myrtilliers, bruyère, odeur de tourbe, promontoires de granit, terre de souvenirs... Je presse le pas avant l'obscurité tandis qu'au-dessus de moi plane dans l'air léger, discrètement et silencieusement, un parapente.