Étant absente pour cause de vacances, je n'ai pu me rendre comme d'habitude à la traditionnelle Fête de l’Élevage qui a lieu comme tous les ans le troisième week-end de septembre à Lunéville. Durant cette occasion, j'aime croiser tout ce petit monde qui gravite autour de l'évènement, j'aime ces chaudes "odeurs animales" que d'aucun fuirait, j'aime les rires et les sourires, l'étonnement qui peut se lire sur les visages. Je reprends donc quelques photos faites les années précédentes pour illustrer mon propos...
La fête de l'élevage à Lunéville, c'est un peu comme le Salon de l'Agriculture à Paris, sauf que c'est à Lunéville !
présentation sur le "ring"
Cette manifestation réunit durant deux jours éleveurs ds alentours, vaches, génisses, chevaux, moutons, et, curieux de toutes sortes, familles, enfants, promeneurs profitant des derniers beaux jours de l'été...
On shampouine, on coiffe, on rase de près, bref chacun y va pour montrer les "concurrentes" sous leurs plus beaux atours.
Chacun déambule autour des rings et admire _en professionnel averti (!)_ la plus belle laitière ou le plus beau taureau ; observe en connaisseur le pas de la jument suitée près de laquelle court en tout sens son poulain ; regarde avec envie les derniers tracteurs rutilant de rouge, de vert ou de bleu...
Bref c'est un lieu de convivialité autour de ce qui rassemblent les français: la nourriture et l'agriculture ! Tout le monde se réunit dans la même ferveur communiant dans un bel élan unanime à cette phrase qui semble toujours d'actualité et que Sully aimait à répéter: "Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France". Instant de convivialité où tout "français" retrouve un peu de ses origines dans une fibre agricole qui palpite toujours au fond de lui !
Victor Hugo avait lui aussi, en son temps et à sa façon, magnifié la vache dans ce poème que je voudrais partager avec vous :
"Devant la blanche ferme où parfois vers midi Un vieillard vient s’asseoir sur le seuil attiédi, Où cent poules gaîment mêlent leurs crêtes rouges, Où, gardiens du sommeil, les dogues dans leurs bouges Ecoutent les chansons du gardien du réveil, Du beau coq vernissé qui reluit au soleil, Une vache était là, tout à l’heure arrêtée. Superbe, énorme, rousse et de blanc tachetée, Douce comme une biche avec ses jeunes faons, Elle avait sous le ventre un beau groupe d’enfants, D’enfants aux dents de marbre, aux cheveux en broussailles Frais, et plus charbonnés que de vieilles murailles, Qui, bruyants, tous ensemble, à grands cris appelant D’autres qui, tout petits, se hâtaient en tremblant, Dérobant sans pitié quelque laitière absente, Sous leur bouche joyeuse et peut-être blessante Et sous leurs doigts pressant le lait par mille trous,
Tiraient le pis fécond de la mère au poil roux. Elle, bonne et puissante et de son trésor pleine, Sous leurs mains par moments faisant frémir à peine Son beau flanc plus ombré qu’un flanc de léopard, Distraite, regardait vaguement quelque part. Ainsi, Nature ! abri de toute créature ! O mère universelle ! indulgente Nature ! Ainsi, tous à la fois, mystiques et charnels, Cherchant l’ombre et le lait sous tes flancs éternels, Nous sommes là, savants, poëtes, pêle-mêle, Pendus de toutes parts à ta forte mamelle ! Et tandis qu’affamés, avec des cris vainqueurs, A tes sources sans fin désaltérant nos cœurs, Pour en faire plus tard notre sang et nos âme, Nous aspirons à flots ta lumière et ta flamme, Les feuillages, les monts, les prés verts, le ciel bleu, Toi, sans te déranger, tu rêves à ton Dieu !
15 mai 1837 (les Voix intérieures) Victor Hugo
"Son beau flanc plus ombré qu’un flanc de léopard"