Venue chercher le soleil fin mars, c'est un paysage d'hiver que je découvre sur ces hauts plateaux avoisinant les 1200m d'altitude...
Cette année la première neige de l'hiver(sic!) vient de tomber et c'est un ravissement. Les nuages laissent percer le soleil. Lentement, ils s'arrachent de cette terre en lambeaux poussés par un vent glaçant qui vous transperce.
La neige unifie le paysage et fait ressortir le graphisme des volumes, des masses. Les arbres noirs se détachent dans un fort contraste avec la blancheur immaculée du manteau neigeux. Le dépouillement de ceux-ci permet de privilégier le trait.
Cela donne envie de prendre sa plume et de dessiner à l’encre de chine ou encore à la mine de plomb. Le sujet s'y prête. Cela me rappelle d'ailleurs les gravures de Rembrandt et de l’école hollandaise du 17°siècle...
Les routes désertes sont fantomatiques rapidement recouvertes par des congères.
Drôle d'impression que ce sentiment d'être au milieu de nulle part, comme seul au monde...
La nature ici reprend tous ses droits se jouant des chasse-neige.
Les piquets de clôture et les allées de frênes têtards sont autant de repères dans cette immensité cotonneuse.
Les burons en basalte se fondent dans la masse, massifs, trapus et austères comme ce massif.
Ils défient le temps, solides, et affrontent le gros temps, tendant le dos face aux assauts du vent.
Les hameaux et les villages sont à l'image des burons, solides avec leurs murs en basalte gris et leurs toitures en lauzes. Ici pas de fioritures, le caractère est austère. Certains se nichent à l'abri des dykes qui leur servent de carrières naturelles.
Les greniers se dressent fièrement à l'horizon rivalisant avec les clochers.
Nous repartons une dernière fois par ces hauts plateaux aux confins de l'Aveyron, du Cantal et de la Lozère et profitons des derniers instants de lumière et d'une neige de printemps par essence fugace et somptueuse.