La route est belle en cette fin de journée. Dans le rétroviseur, les fils téléphoniques s'illuminent sous l'effet du soleil couchant. Il faut agir vite, l'effet est fugace et le soleil descend vite en ce mois de novembre!
Drôle de mois s'il en est... la nature semble avoir perdu son cap. Les oiseaux chantent comme au printemps et au détour d'une montée apparaît un champ de sénevé complétement en fleurs !
Le temps étant au beau fixe, mon humeur suit au diapason le mouvement général et j'ai envie de m'amuser. Je décide de jouer avec le vent. Je mets une vitesse très lente d'1s. tout en ouvrant à f22 avec un Iso de 100.
Un bouquet de fleurs prend vie.
De la même façon je fais cette photo en augmentant la vitesse à 1/8°de seconde pour 200 Iso et une ouverture toujours à f22. Les fleurs se figent un peu plus.
Je décide de laisser entrer la lumière dans l'objectif, l'or de la lumière se mêlant à l'or du sénevé. Ces coups de pinceaux jaunes rappellent un peu ces touches de peinture qu'affectionnaient les impressionnistes. Ne retrouve-t-on pas un peu de Van Gogh dans la photo ci-dessus et un peu de Monet dans la photo qui suit ?
Mais il est temps de partir, le soleil s'enfonce vers d'autres horizons.
Le soir tombant, je décide de transformer ma première photo en noir et blanc comme pour me mettre au diapason.
Me revient alors à l'esprit ces phrases de Maurice Barrès dans "La colline inspirée":
"Il y a des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystères, élus de toute éternité pour être le siège de l'émotion religieuse".
"Un berger nous salue, seul au milieu de ce désert, ou rien, pas même un arbre, ne lui tient compagnie.Comme le soir qui vient donne aux choses un caractère d'immensité! La rêverie s'égare, dans ce paysage infini, sur les formes aplanies, sur la douceur et l'usure de cette vieille contrée".