de la mort à la résurrection
Au cours d'un petit périple dans le sud de la France, j'ai eu un résumé assez concis de la vie de nos abbayes.
J'ai pu ainsi redécouvrir cette très ancienne abbaye romane du Thoronet connu pour son acoustique. Pour les mélomanes de nombreux concerts y ont lieu chaque année dans l'église durant la période estivale. Et pourtant...
Je parcours rapidement celle-ci avant sa fermeture; ici tout est vide. Certes le style de l'abbatiale y est pour quelque chose: mur épais, décoration dépouillée à la cistercienne, sobriété, pureté des lignes. Mais est-ce la seule raison de ce sentiment ?
En allant vers Marseille, on peut découvrir Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Étonnant lieu où selon la tradition, Marie-Madeleine, après avoir passé de longues années de pénitence dans la grotte de la Sainte-Baume, aurait été ensevelie dans la crypte de saint Maximin. Baume étant l’équivalent provençal de « grotte ». Ses reliques, cachées en 710 dans la crainte des Sarrasins qui dévastaient la région, seront découvertes en 1279 par Charles d’Anjou qui, sur l’emplacement de la crypte, fit bâtir une basilique et à côté un couvent. Il y installe alors les dominicains comme gardiens du tombeau. Si ceux-ci furent chassés de leur couvent lors de la Révolution, ils sont encore présents dans la ville et tiennent l'hostellerie de la Sainte-Baume. Si la basilique en réfection est vide et glaciale, on sait qu'une présence discrète persiste, celle de Saint-Dominique et de son ordre de frères prêcheurs.
Pour finir, un troisième exemple celui de la chartreuse de la Verne. Cette édifice longtemps laissé à l'abandon a été réinvesti par les petites soeurs de Béthléem il y a peu. Je l'avais connu à l'abandon, en ruines. Aujourd'hui cette chartreuse a été totalement relevée. Certains esprits chagrins regretteront sa transformation et pourtant, elle est signe de sa première vocation: non celle d'être un musée, un bâtiment "monument historique" sans vie, déserté de ses légitimes occupants, mais le lieu d'une présence certes invisible mais vivant. Ici plus d'une vingtaine de soeurs vivent au coeur d'une châtaigneraie perdue et loin du monde dans la prière selon la règle de Saint Bruno. Laissons le silence prendre place et rangeons l'appareil... pour goûter cet instant.